Face à la crise énergétique et économique, l’Eweta, la Fédération Wallonne des Entreprises de Travail Adapté propose des mesures concrètes pour soutenir les ETA. Une chose est sûre : « Les emplois ne seront pas notre variable d’ajustement ! », (r)assure Gaëtane Convent, directrice de l’Eweta. S’il n’est pas question de parler de licenciement, le recours au chômage économique n’est, en revanche, pas exclu. Entretien.
Créée en 1987, l’Eweta représente les 54 Entreprises de Travail Adapté wallonnes et germanophones. Le secteur emploie 10.250 travailleurs dont plus de 8.500 personnes en situation de handicap.
Les entreprises de travail adapté constituent de véritables entreprises, actives sur le marché. Elles font face aux mêmes contraintes et exigences que toute autre structure ayant une activité commerciale. A ce titre, elles sont, elle aussi, confrontées à la hausse des prix de l’énergie, des matières premières et des matériaux et ont besoin d’être soutenues.
Lire aussi : Secteur non-marchand : balayer devant sa porte…
« Nous demandons au gouvernement wallon de supprimer ce mois de décalage pour que l’indexation des salaires puisse coller à la réalité »
Guide Social : Quelle est la situation au sein des ETA wallonnes et germanophones face à la hausse exponentielle des coûts (énergétiques, des matières premières et des matériaux) ? Certaines ETA ont-elles sensibilisé l’Eweta aux difficultés qu’elles rencontrent ?
Gaëtane Convent : La situation au sein de nos ETA n’est pas alarmiste, ce qui ne veut pas dire que certaines entreprises de travail adapté n’éprouvent pas de difficultés. Je pense surtout à celles qui disposent de peu de trésorerie.
L’indexation de manière générale alourdit les choses. Mais pour les ETA wallonnes, la question de l’indexation des salaires est problématique car bien que les subsides soient indexés, ils le sont systématiquement avec un mois de décalage. Ces entreprises du non-marchand doivent donc financer entièrement sur fonds propres un mois d’augmentation des salaires des travailleurs. Une indexation représente un coût de plus ou moins 300.000€ pour toutes les ETA en Région wallonne. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement wallon de supprimer ce mois de décalage pour que l’indexation des salaires puisse coller à la réalité.
Guide Social : La FEBRAP, la Fédération bruxelloise des entreprises de travail adapté a fait part de ses inquiétudes dans le journal Le Soir. Les ETA wallonnes partagent-elles les mêmes réalités ?
Gaëtane Convent : Nous rejoignons la FEBRAP dans certains constats -surtout en ce qui concerne l’évolution technologique des métiers qui nécessite davantage d’encadrement et de mesures d’accompagnement- mais il y a certaines nuances à apporter. Il faut tenir compte de la réalité territoriale des ETA en Région wallonne qui diffère de celle des ETA bruxelloises. Les premières ne sont en effet pas exposées aux mêmes difficultés que les secondes notamment au niveau des coûts en termes de chauffage. En raison des grandes surfaces disponibles, certaines ETA ont investi depuis longtemps dans des mesures alternatives comme dans des panneaux photovoltaïques. Ces investissements intelligents leur permettent de réaliser des économies d’énergie et surtout de limiter les coûts énergétiques de certaines activités particulièrement énergivores comme les centrales de repassage, par exemple. Malheureusement, toutes les ETA en Région wallonne ne jouissent pas de cet avantage énergétique et ces investissements ne suffisent pas à couvrir la totalité de l’augmentation des coûts.
« L’enjeu ? Faire coexister des activités moins rentables avec d’autres plus intéressantes financièrement afin d’atteindre l’équilibre »
Guide Social : A quoi faut-il s’attendre dans les prochains mois ?